“L’Atompunk et ses deux demies-vies” – Jonathan DIRIES
Atompunk vient de « atome », renvoyant à l’énergie atomique et « punk » moins référence à l’esprit rebelle et alternatif qu’aux esthétiques comme le célèbre Steampunk ( dont je pourrais en parler une autre fois).
Des années 40 à 60, aux Etats-Unis, une nouvelle énergie voit le jour, c’est l’énergie atomique, puisant sa force dans les réactions contrôlées de fission de noyaux atomiques (je vous passe les détails). Dans une société en croissance, et donc gourmande, cette énergie promet des lendemains radiaux et utopiques… Une intense campagne de communication fait la pub pour l’énergie nucléaire, promettant le repoussement des frontières. Cette période est appelée aux USA « Jet Age », pour les avions à réaction et le développement de l’aviation civile et « Space Age », pour les fusées et le début de l’exploration spatiale. Des autoroutes poussent, avec plein de bâtiments comme les motels, les fast food, les cinémas en plein air, les stations services et stations de lavage pour la voiture individuelle qui se répand partout dans la société de masse. L’architecture très en vogue est le style Googie / populuxe où l’on affiche un style exubérant, avec des motifs d’atome, d’étoile, de poutres apparentes, baies vitrées et de couleurs flashy. Comme le célèbre panneau : « Welcome to fabulous Las Vegas, Nevada » dans la ville en question. Des représentations montrent l’optimisme avec des voitures et soucoupes volantes et l’envol vers les étoiles pour dépasser les Soviétiques. Le rêve américain bat son plein et vend l’ouverture de nouvelles mines, de tunnels autoroutiers sous les Rocheuses, d’un second canal de Panama par l’usage de quelque chose de plus puissant que la dynamite : la bombe nucléaire.
En effet, la première technologie fabriquée avec l’énergie nucléaire est une arme utilisée deux fois par les Américains avec des motifs contestés durant la guerre du Pacifique. Rapidement contestés, l’industrie nucléaire et le complexe militaro-industriel (les usines d’armes, son business et les militaires associés) font campagne de propagande pour prouver leur légitimité et dissiper les doutes. Cet enthousiasme atomique et la consommation de masse finissent par s’éteindre toutefois par s’essouffler (années 70). Les rêves d’utiliser la bombe atomique partout n’était qu’utopie autant à cause de son potentiel de destruction totale, la course aux armements de la guerre froide, que des retombées radioactives plus ou moins importantes.
Les représentations de cités futuristes ne sont plus d’actualité quand l’Atompunk s’actualise avec la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (1986). Le genre passe de l’optimisme à un environnement sombre, désabusé et post-apocalyptique, ravagé par l’énergie nucléaire comme à son premier usage, marqué notamment par le cynisme des militaires à constater seulement les blessures et dégâts aux Japonais. Le côté sombre se dévoile via un nouvel Atompunk, contemporain et critique. Avec des exemples comme le jeu vidéo Stalker qui se déroule dans la zone d’exclusion de Tchernobyl voir à la satire du rêve américain avec les jeux vidéos Fallout qui font sorte de jonction entre l’ancien et le nouveau Atompunk.
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